Le covering : une discipline technique encore trop peu encadrée
Laurent Chapuis : Armand, on voit de plus en plus de véhicules recouverts de films texturés, mats, satinés ou imitation carbone. Le covering est-il encore une tendance ou est-ce devenu une vraie discipline métier ?
Armand LOSPIED : C’est clairement devenu une discipline métier. Et pas seulement esthétique. Le covering, aujourd’hui, répond à trois fonctions clés : la personnalisation, la protection et parfois même la valorisation à la revente.
Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est l’envers du décor : les compétences nécessaires pour réaliser ces poses avec rigueur, durabilité et conformité. Trop d’automobilistes pensent qu’il s’agit simplement de “poser un vinyle”. En réalité, c’est un geste technique complexe, avec des standards très précis.
Laurent Chapuis : Vous parlez de normes techniques. Pouvez-vous donner des exemples concrets ?
Armand LOSPIED : Bien sûr. Les fabricants de films comme Hexis, Avery Dennison ou 3M imposent des conditions de pose très strictes :
Température ambiante entre 18 et 25°C,
Hygrométrie contrôlée (pas d’humidité excessive),
Nettoyage en plusieurs étapes avec des produits dédiés,
Post-chauffe avec thermomètre IR à 90-110°C selon la zone.
Et encore, je ne parle pas des zones 3D comme les pare-chocs, les rétroviseurs, ou les poignées de porte, qui nécessitent une maîtrise complète du thermoformage.
Laurent Chapuis : Vous avez lancé un travail sur ce sujet chez SP FORMATION. De quoi s’agit-il exactement ?
Armand LOSPIED : Nous sommes en train de recueillir les besoins métier à travers de nombreux échanges avec des professionnels du covering : poseurs indépendants, chefs d’atelier, formateurs…
L’objectif est de formaliser un référentiel de compétences qui servira de base à une future formation professionnelle structurée. Nous voulons documenter ce qui fait une pose de qualité, ce qui garantit la satisfaction client, et ce qui peut être transmis de manière pédagogique.
Laurent Chapuis : Quel est l’intérêt pour le monde automobile de structurer ce métier ?
Armand LOSPIED : Il est triple :
Pour les professionnels, cela permet de montrer un vrai niveau de compétence, ce qui renforce la confiance des clients.
Pour les clients, cela garantit des prestations conformes, durables, respectueuses des matériaux.
Et pour les constructeurs ou les marques, cela ouvre la voie à des prestations de personnalisation standardisées, potentiellement intégrables dans des offres commerciales.
Le covering est une spécialité technique, pas un bricolage esthétique. Il mérite donc un cadre, une transmission, une reconnaissance. Et c’est exactement ce que nous bâtissons, étape par étape, avec les acteurs de terrain.